URBAN ECOLOGY
À l’heure où les particules de plastique envahissent nos océans, détruisant massivement la faune marine, la gestion internationale des déchets s’est transformée en une nouvelle bataille maritime entre les pays du Nord et ceux du Sud. En jeu, des myriades de containers chargés des rebus de l’Occident dont il se débarrasse, auprès de ces mêmes peuples qu’il a exploités et exploite encore.
Or, est-il besoin de le rappeler ?, il n’y a pas de peuple-décharge. Ni de territoire condamné à devenir le déversoir de l’Occident.
Ma réflexion vise à donner une seconde vie à des matériaux récupérés dans de multiples occasions et durant divers voyages dans le monde. Ces matériaux inscrivent un message au cœur de mon geste : leur forme, leur caractère utilitaire pour notre mode de vie citadin questionne la situation paradoxale de l’être humain vivant dans les villes.
En quoi consiste l’existence urbaine ? Comment se sent-t-on dans ces prisons verticales que sont les buildings ; en passant devant ces parois vitrées qui réfléchissent nos existences ; en vivant la nuit sous des cierges de néons ?
Nos lieux de vies citadins, tout en nous offrant de nombreux moyens d’action et d’emprise sur la réalité, condensent notre nostalgie et notre culpabilité à suivre un mode de vie si éloigné de la nature, de la terre, de ce qui nous lie et nous sert de socle. Que devient notre nature Humaine ?
La notion de villes en suspension répond à ma réflexion sur le geste de l’individu face à l’objet en plastique, placé devant un choix radical : je m’en débarrasse égoïstement ou je protège ma planète ?
Le choix du noir et blanc contribue à représenter les procédés de stigmatisations de notre société : ses codes et ses couleurs du rejet, auparavant des hommes, à présent de l’environnement naturel…. Toujours selon le même geste inconsidéré de l’homme qui capte, qui s’approprie, et qui détruit ce dont il n’a pas un besoin immédiat. Qui finit par vivre sur la montagne de ses propres déchets.
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TRANS-MISSION
Les dimensions de l’œuvre dans l’espace urbain donnent toute sa puissance et sa résonance graphique à son traitement graphique : le tableau d’anomalies vus par le prisme des nouvelles technologies. Avec cette création, ma peinture engagée transmet directement un ensemble d’émotions étranges nourries de la vision égoïste de notre société, pour mettre le spectateur face à ses propres gestes… L’œuvre comme une cure de psychanalyse, qui affronte les névroses et les errements contemporains, et invite à l’éveil.